Important ralentissement de l'économie et coupes budgétaires vont de paires. Ces dernières semaines, la crise sanitaire a balayé sur son passage de multiples projets d’innovation, progressivement dépriorisés en entreprise. Quoi de plus normal pour une direction que de surveiller de près ses dépenses quand on ignore de quoi demain sera fait ?
Faire simple et bien
Réduire les coûts non essentiels, mettre en pause certains plans d’investissements, céder des actifs non stratégiques… Autant de mesures qui deviennent monnaie courante en temps de crise. Pour autant, au milieu de ces restrictions plus ou moins drastiques, un changement de paradigme peut s’opérer : profiter de la raréfaction des ressources à disposition, pour apprendre la frugalité. Faire simple et bien.
Si de nombreux porteurs d’idées - potentiels acteurs de changement dans leur entreprise - savent lever la main et prendre l’initiative, composer avec des ressources limitées et spécifiques n’est pour autant pas un réflexe.
Le modèle de l'innovation frugale
À la lueur des principes de l’innovation frugale énoncés par Navi Radjou, les entreprises peuvent encourager leurs collaborateurs à porter des projets impactant, avec des ressources bien définies, pour continuer à innover et se réinventer, tout en maîtrisant leurs coûts.
Inspirée du Jugaad indien, véritable philosophie de la débrouillardise, l’innovation frugale consiste à élaborer des solutions simples et efficientes, pour résoudre des problématiques ciblées. Dans la frugalité, il est question de simplicité sans faire de concession sur la qualité d’une production. Une mise en application célèbre du Jugaad, est le réfrigérateur en argile élaboré par le potier Mansakh Prajapati, qui fonctionne sans électricité. En Inde, ingéniosité et simplicité font bon ménage. La démarche est transposable en entreprise !
“En matière d’innovation, ce qui compte ce n’est pas combien vous dépensez, mais comment vous dépensez votre argent”.
Dès lors qu’un porteur d’idée cible un MVP (produit minimum viable), dénué de superflu et concentré sur ce qui crée réellement de la valeur, les ressources pourtant limitées peuvent permettre de formidables retours sur investissements. “En matière d’innovation, ce qui compte ce n’est pas combien vous dépensez, mais comment vous dépensez votre argent” souligne à juste titre Barry Jaruzelski, Senior Partner chez Booz & Company. En d’autres termes, l’argent ne peut pas acheter l’innovation.
Pousser les collaborateurs à tenter
En faisant confiance aux collaborateurs pour porter leurs initiatives et en leur accordant du budget, certes limité mais facilement activable, les entreprises profiteront de quick wins : des projets simples mais à impact.
Dans la quête d’une innovation portée par des collaborateurs engagés, il ne faudrait pas reléguer la prise d’initiative à des départements bien ciblés, mais accepter que chaque collaborateur puisse proposer son idée, le défendre, la faire financer, et la réaliser.
Et si le défi à relever pour voir se concrétiser des projets innovants était d’écouter tous les collaborateurs et les pousser vers la frugalité ?
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